Origine historique de la Fête de la Vogue de Veyrier

Le mot français « Vogue» viendrait du latin votum, qui a donné dans notre langue l’adjectif « votif». Une fête votive est celle où l’on honore un saint, où on lui rend hommage. Depuis le Moyen Age, les églises catholiques ont été « dédicacées» à un saint, devenu le « patron », le protecteur de la paroisse; la Vogue est donc la tète de la dédicace.

A Veyrier, il s’agit de saint Maurice, en souvenir de Maurice, cet officier de l’armée romaine, chef de la légion thébaine, qui a refusé d’abjurer sa foi chrétienne et a été massacré à Agaune (Saint-Maurice en Valais) avec toute sa troupe. Dans son article pour la Vogue en 1996, Maurice Babel précise que 56 paroisses en Suisse ont adopté la même dédicace, dont celle de Bernex, à Genève.

Ces « fêtes rustiques », qui se retrouvent également en Savoie, en Dauphiné et en Provence, sont célébrées sous d’autres noms dans le canton de Fribourg (“la Bénichon”) et dans le Jura (“la Saint-Martin”). La tradition de la Vogue s’est éttndue également aux paroisses protestantes. Elle est devenue avec les années une manifestation communale. Toutefois, sa date est demeurée liée à celle de la Fête du « Saint Patron» de la paroisse, à Veyrier, le 22 septembre, jour de la Saint-Maurice. La célébration religieuse, avec l’offrande du pain bénit, a lieu soit le jour même, soit le dimanche suivant, et les festivités de la Vogue s’adaptent à ce calendrier.

Les autorités municipales soutiennent et encouragent le Comité permanent de la fête en mobilisant un grand nombre de collaboratrices et collaborateurs communaux pour lui prêter aide et appui. Un thème est imposé pour toute la manifestation et spécialement pour le cortège.

La Vogue de Veyrier avait, au début du siècle, un très grand succès puisque, selon les « aînés », la foule s’y pressait, si dense, que le terminus du tram devait être déplacé au Petit-Veyrier. Des quantités de forains emplissaient et charmaient le village; trois bals en plein air, sur les fameux « ponts de danse », rassemblaient jeunes et moins jeunes.

Depuis la création du parc derrière la Mairie, la Vogue revient au cœur du village et déborde sur la place de l’Eglise dont la plupart des bâtiments ont été rénovés avec goût (la Mairie, l’immeuble situé à l’angle du chemin de La Fléchère et, tout récemment, l’Eglise, dont le crépi a été réhabilité avec bonheur dans sa couleur initiale. Cet emplacement historique a fière allure, mis en évidence par une décoration florale municipale qui force l’admiration. C’est dire que la manifestation a retrouvé son succès d’antan et une participation active des habitants des divers quartiers de la commune.

Certaines familles perpétuent la tradition du «Gâteau de la Vogue» que l’on offrait aux parents venus prendre part à la fête.

Simultanément se déroule le Tir du Roi au Stand, du vendredi après-midi au lundi, avec le couronnement de Sa Majesté, le samedi du Retour de la Vogue, devant la Mairie, suivi d’un grand banquet à la salle communale.

Sur le territoire cantonal, d’autres vogues ont été maintenues ou recréées et offrent l’occasion de grandes fêtes populaires. On peut citer Vernier (en avril), Perly (en juin), Meinier et Confignon (fin juin-début juillet), Compesières-Bardonnex-Plan-les-Ouates (mi-août), Avusy-Athénaz (fin août), Carouge, Meyrin, Hermance (début septembre).

Ces contacts et échanges entre habitants nouveaux et anciens, de tous âges et toutes tendances, vont au-delà des seuls résidents des communes en fête. Les manifestations locales attirent également un nombreux public citadin.

Cette vie sociale renforce l’esprit communautaire et l’identité de nos collectivités. Elle offre à la population un large éventail de possibilités de divertissement et de loisirs, de sports, d’enrichissement culturel, et facilite l’intégration des uns et des autres, l’engagement et le dévouement au service d’autrui.
Yves Martin